L'ONU estime que 2,5 millions de personnes pourraient mourir de faim d'ici la fin septembre
Le titre percutant et intentionnellement provocateur du dernier rapport du Conseil norvégien des réfugiés (NRC) au Soudan dénonce une situation alarmante : après plus de 500 jours de conflit, le pays est dévasté, l’agriculture paralysée, et le nombre de déplacés ne cesse d’augmenter.
L’organisation critique vivement les chefs de guerre pour leur mépris total des normes internationales en matière de conflits. « Actuellement, c’est la plus grave crise alimentaire au monde », déclare Mathilde Vu, responsable plaidoyer pour le NRC au Soudan, dans une interview avec Guillaume Thibault.
« On pourrait même parler de gouffre : environ 25 millions de personnes, soit la moitié de la population, souffrent de la faim. » Une crise humanitaire sans précédent « C’est également la plus grande crise de déplacés, avec 10 millions de personnes contraintes de fuir », poursuit-elle.
« La moitié du pays est détruite, les infrastructures sont en ruine, et les habitants doivent fuir à pied leur domicile sous les bombardements. » Le rapport du NRC met en lumière que la destruction systématique des infrastructures agricoles et des marchés a gravement perturbé les chaînes d'approvisionnement alimentaire, isolant de nombreuses zones rurales de leurs sources de nourriture essentielles.
De plus, l'accès des organisations humanitaires est sévèrement entravé par les combats et les attaques contre les convois, aggravant encore la situation. Pour Mathilde Vu, les parties en conflit ont délibérément ignoré les « principes fondamentaux du droit international humanitaire », en menant des combats au cœur des villes, dans des quartiers résidentiels, et en détruisant des infrastructures cruciales telles que les marchés, les usines et les champs agricoles.
Risques de malnutrition chronique Ces violations répétées des règles de la guerre ont non seulement plongé le pays dans le chaos, mais ont également engendré une famine généralisée. Le Conseil norvégien pour les réfugiés prévient que les conséquences à long terme de cette crise seront catastrophiques, notamment pour les enfants qui risquent de souffrir de malnutrition chronique.
Par ailleurs, l'ONU estime que 2,5 millions de personnes pourraient mourir de faim d'ici la fin septembre, dont 220 000 enfants. « Si ce ne sont pas les obus ou les tirs qui tuent, ce sera la faim », conclut la responsable plaidoyer.