"Les candidats à la ville se battent pour administrer et non pour transformer la capitale" (Me Doudou Ndoye)

Me Doudou NDOYE

 

"Un maire de Dakar n'a aucun pouvoir, sauf...

Ténor du barreau, homme politique d’expérience et lébou bon teint, Me Doudou Ndoye requiert toutes les compétences pour diriger la mairie de Dakar. Mais l’avocat n’est pas intéressé par le poste. S’il en est ainsi, c’est parce qu’il considère, en l’état actuel des choses, que le poste est un coquille vide. Pour lui, un maire élu à Dakar, s’il n’est pas en ’’accointance’’ avec l’Etat, ne peut rien réaliser. « Tous les maires se valent ou se vaudront, sauf au regard du rapport qu’ils auront avec l’Etat, analyse-t-il au micro du Jury du Dimanche. C’est l’Etat en tant que tel qui est le maître de cette mairie à travers son Gouverneur, son Préfet et ses sous-préfets. Rien ne peut se faire sans l’accord de l’Etat. Donc, quelqu’un qui n’est pas en concordance avec l’État ne peut et ne fera rien. Ce qui veut dire qu’il faudrait envisager avec les candidats ceux qui sont en accord avec l’Etat. Chacun pourra s’identifier à travers ces critères. Le maire qui n’a pas de relations, d’accords, de coordinations de compétence partagées avec l’Etat pour aller vers les mêmes buts, n’a aucune chance de faire quoi que ce soit dans notre ville ».

Dans son argumentaire, il est revenu sur l’exemple de l’ancien maire de Dakar, Khalifa Ababacar Sall dont il a été l’avocat. Après avoir reçu l’agrément d’un grand organisme mondial, pour construire sur la place de l’indépendance tout un ensemble de parkings souterrains, l’ex maire déchu de la capitale avait été bloqué sur ce projet par le régime place. « Les financements avaient été acquis avec l’accord du ministère des Finances, rappelle-t-il. Mais à un moment, avec le système psychologique avec lequel il était avec l’Etat, le projet est tombé à l’eau. En tant que son avocat, j’avais attaqué le refus de l’Etat devant la Cour suprême. Mais la Cour avait suivi l’Etat. Tout cela pour dire, que c’est le Gouvernement du Sénégal qui gouverne la ville de Dakar. En tant que citoyen de la ville, je dis que, le peu que le maire peut faire, il aura plus de chance de le faire, que s’il est en accord avec l’Etat. Celui qui ne sera pas en accord avec l’Etat ne pourra rien faire ».

Pour lui, « les candidats à la ville se battent pour administrer. Ils ne se battent pas pour transformer la capitale. Ils ne peuvent pas. Ils n’en ont pas les moyens politiques ni constitutionnels. Dakar est déjà bâti ». Ce que les maires peuvent faire, a-t-il estimé, c’est de s’occuper des écoles, de la santé, de la distribution d’aides, de toutes ces petites choses qui n’ont rien à voir avec des changements structurants.

Avec Emedia