Enquête sur le foncier à Ngor : de terres promises aux terrains à polémique des lions

manifestation

 

Selon les dernières informations, le président de la République Macky Sall va octroyer 75 hectares aux populations de Ngor, Ouakam et Yoff à Déni Biram Ndao.

 

Des manifestations ont éclaté à la surprise générale dans l’ancien village de Ngor deux semaines seulement après le sacre des lions en terre camerounaise. De violents affrontements ont opposé les forces de l’ordre et jeunes de la communauté Lébou habitant Ngor, Ouakam et Yoff. 9 parmi ces jeunes sont toujours en détentions. Ils protestaient contre l’octroi des terrains aux lions par Macky Sall à la suite de la victoire à la coupe d’Afrique des nations qui seraient sur l’assiette foncière de l’ancien aéroport au cœur de Dakar, dont ils revendiquent le droit depuis des années pour l’extension de leurs villages.

Pourtant, Ngor aussi avait explosé de joie quand Sadio Mané marquait l’ultime penalty qui devait sacré l’Equipe du Sénégal champion d’Afrique le 06 février. Loin, derrière cette liesse populaire Aliou Badara Samb, cordonnier dans les ruelles étroites de cette localité estime que « l’annonce de l’octroi de 200 mètres carrés aux footballeurs qui ont gagné la CAN est l’étincelle qui a fait sortir les jeunes dans la rue ». Très remonté contre les autorités sénégalaises, le jeune se confie : « C’est dur ce qu’on est en train de vivre. Les Lions nous ont rendus fiers le soir du 06 février, on n’a rien contre eux. Ils n’ont pas été demandeurs au niveau de l’État. Qui leur a attribué deux terrains. C’est à partir de ça qu’on s’est dit pourquoi ne pas manifester. On n’a que cet espace de l’aéroport qui nous reste. On va se battre corps et âme, on ne va pas lâcher », prévient-il.
Regroupés dans un collectif, les jeunes de Ngor, comptent se mobiliser et en même temps négocier avec les autorités pour la bonne cause de leur localité. Mamadou Ndiaye, leur porte-parole, pense qu’avec le boum démographique Ngor doit étendre ses limites pour un cadre de vie beaucoup plus adapté. « Nos revendications, c’est pour l’extension de notre village de Ngor, vous avez les maisons côtières, à l’autre bout se sont construites des villas de luxe. On ne peut plus s’élargir de l’autre côté. »
Pour la petite histoire, les terres en questions étaient réquisitionnées vers 1940 par l’Etat colonial français pour service d’aéroport militaire lors de la Seconde Guerre mondiale. Avec l’ouverture de l’Aéroport Internationale de Blaise Diagne, l’Aéroport de Yoff, est fermé. Depuis la délocalisation de l’aéroport en 2017, les communautés voisines revendiquent ces terres, explique Omar Diagne, coordonnateur du collectif à Ouakam.
« Ces terres appartenaient à nos arrières, grands-parents, pour des raisons connues de tout le monde nous, elles ont été confisquées. Maintenant, s’il s’agit de procéder à la réaffectation de ces parcelles, nous devrions être les premiers bénéficiers. Mais le paradoxe est que tout le monde en bénéficie sauf nous, c’est une injustice notoire » ! Peste Oumar Diagne.
Réagissant sur les ondes de nos confrères de la Radio France Internationale, le Directeur des domaines du Sénégal estime l’objet pour lequel les populations de Ngor, Ouakam et Yoff se battent est caduc. « Il y a une grande confusion, parce que dans les mécanismes d’acquisition de terre, il ne s’agit pas d’expropriation, il y a eu une vente. Puisqu’il s’agissait d’une vente, l’objet pour lequel les populations se battent est caduc. Maintenant, le président de la République est en train de trouver un palliatif en voyant comment céder une assiette au niveau de l’aéroport à une des collectivités territoriales. À charge pour elles de voir comment contenter les projets des populations locales. »
Selon les dernières informations, le président de la République Macky Sall va octroyer 75 hectares aux populations de Ngor, Ouakam et Yoff à Déni Biram Ndao, une localité qui se trouve à 50 km du centre-ville.