A Thiaroye , le lourd tribut payé par les marchands, les livreurs et les débrouillards

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"Durant les manifestations, il m'était impossible de payer la bonbonne de gaz de sa mère. Car , on m’avait interdit de travailler

La condamnation du leader de Pastef Ousmane Sonko a été la goutte qui a fait éclater la coupe de la colère chez certains jeunes. A Thiaroye , un quartier niché dans la banlieue Dakaroise , les stigmates sont là. La poussière noire causée par les cendres de pneus brûlés pollue l'atmosphère. Tout à été réduit en cendres pour se faire entendre. Si d’aucuns condamnent ce geste, d'autres parcourent évoquent l’insouciance de l’autorité qui prend des mesures d’interdictions sans pour autant mesurer les conséquences qui en suivent. C’est dans ce vent d’angoisse qui dépose une atmosphère pesante que Actu 221 est allé tendre son micro aux jeunes de la localité.

La condamnation du maire de Ziguinchor, Ousmane Sonko a 2 ans de prison ferme et une amende 600 000 Fcfa dans l’affaire de viol et menace de mort l’opposant à l’ex masseuse Adji Sarr s’est fait sentir. A Thiaroye comme dans beaucoup de localités du pays, la journée a été longue et difficile. Pas mal de Sénégalais ont envahi les rues pour contester la décision du juge. Plus les heures passent, plus on constate des émeutes. Les jeunes sont sortis manifester en réduisant en cendre tout ce qui se trouvait sur leur passage. Les régions de Ziguinchor et Dakar ont été le théâtre de violents affrontements marqués par de nombreux morts d’hommes et des dégâts matériels qui s’estiment à des milliards de F cfa : Des infrastructures saccagées , des biens pillés, des morts par balles constatés des routes barrées, des pneus brûlés , arrestations , entre autres .

Dans la banlieue Dakaroise, le réveil a été difficile pour les marchands ambulants , les livreurs et les tabliers , tous de jeunes débrouillards qui s’intéressent à ces petits boulots. Aujourd’hui, avec la crise économique qui sévit dans de nombreux pays du monde, et le chômage qui prend de l’ampleur, les jeunes sénégalais pour gagner leur vie s’activent dans ces petits comme la livraisons , la vente de café ou de thé, entre autres. Selon certains d’entre eux rencontrés à Thiaroye , la pratique de ces métiers leur permet d’avoir une vie décente .

Mais avec la situation du pays et les saccages qu’ils déplorent, leurs activités sont aux ralentis voire presque rien. Par exemple , les livreurs communément appelés « Tiakk Tiakk » disent être affectés à des interdictions de circuler de la part des autorités préfectorales. Khadim Faye s’en explique « Durant les manifestations, il m'était impossible de payer la bonbonne de gaz de sa mère. Car , on m’avait interdit de travailler » Pour dire que toutes mesures étaient des raisons suffisantes pour faire sortir les jeunes dans la rue.

Le Président de Horizon Banlieue, Abdou Sy par contre, trouve que les responsabilités sont partagées. Il met le président Macky Sall et le leader de Pastef Ousmane Sonko au banc des accusés. Toutefois il condamne avec la dernière énergie les saccages et destructions des biens et services de la localité. Abdou Sy est convaincu que le chômage des jeunes est la principale cause des émeutes. « Les leaders politiques de Benno Bokk Yakaar de la banlieue n'ont rien apporté à cette jeunesse ». Son camarade Daba Faye, responsable Apr à Thiaroye abonde dans le même sens. Pour elle, les autorités politiques locales sont absentes et restent indifférentes au sort des jeunes.

Les émeutes du 1er, 2 et 3 juin 2023 ont occasionné plusieurs dégâts matériels plusieurs magasins Auchan, des stations Total, des banques et magasins de particuliers ont été saccagés. En effet, 300 employés de la multinationale française Auchan risquent de se retrouver au chômage. L’université Cheikh Anta Diop et des écoles à Ziguinchor n’ont pas été épargnées par les violentes manifestations. Plusieurs facultés ont été la proie des flammes en particulier la mythique faculté de droit et la prestigieuse école de journalisme (Cesti).

Le nombre de victimes varie entre, 16 morts selon les autorités étatiques, 25 pour Amnesty International et 32 morts d’après le parti Pastef. Le gouvernement a publié un livre blanc et le parti Pastef avec l’aide de l’avocat français Juan Branco comptent saisir la Cour Pénal International pour situer et traduire les responsables des tueries.